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Nourrir le vivre
Yang sheng

养 生

养生

Yang sheng (v.):

  • Se maintenir en bonne santé

  • Prendre soin de sa santé

  • Nourrir en soi le principe vital


Yang (v.):

  • Nourrir / entretenir

  • Élever

  • Se soigner


Sheng (v.):

  • Accoucher

  • Naître

  • Pousser

  • Vivre


Sheng (n.):

  • Vie

  • Existence

  • Élève


Sheng (adj.):

  • Cru

  • Inconnu / étranger

Bien connue des pratiquants des arts physiques chinois, cette expression en résume le fondement philosophique. Elle est constituée du mot sheng : vivre, précédé de l’idéogramme yang, dont la signification principale est nourrir ( il comporte dans la partie inférieure de sa graphie traditionnelle le caractère général de tout ce qui se rapporte à la nourriture : shí 食 ). Cependant, son sens est beaucoup plus large, car il traite du rapport que chacun d’entre nous entretient avec la chaîne sans fin des générations. Il signifie en effet nourrir ses descendants et ses ascendants, dans le sens d’éduquer ses enfants et entretenir ses parents.

Dans la langue usuelle actuelle, l’expression "yang sheng" signifie simplement : se garder en bonne santé, mais l’idée traditionnelle qu’elle recouvre est moins fade et plus vaste. Commune en fait à tous les arts chinois, qu’ils soient corporels, culinaires, calligraphiques ou artistiques, elle décrit l’objectif qu’ils ont en commun :
« nourrir le vivre »…

L’avantage du mot « vivre » tient au fait, qu’à la différence du substantif français « vie », il s’accommode mal d’un adjectif possessif. Il prévient ainsi l’appropriation individuelle de ce que l’esprit chinois considère comme le bien commun à toutes les créatures vivantes : le fait de vivre.

Traduire yang sheng par « nourrir sa vie » affadit ce que suggère ce couple d’idéogrammes. De même le traduire par « nourrir le principe vital » conduit à penser que ce « principe vital » pourrait avoir une réalité matérielle extérieure à la sensation que nous en donne notre corps. « Nourrir le vivre » en revanche rapproche de la perspective chinoise : garder vivant en nous ce « vivre » qui habite la terre entière, s’y manifestant par la continuité des saisons et s’y incarnant dans l’infinie variété des êtres vivants. Ce « vivre » reçu de nos parents, transmis à nos enfants, qu’aucun humain ne peut s’approprier, s’il fallait lui donner un nom plus familier, ne serait-ce pas cet « élan vital » dont Bergson parle avec des mots si justes ?

Extrait de "Cent mots pour comprendre les chinois"

Cyrille J.-D. Javary. Éditions Albin Michel

Yang Sheng Tao
Nourrir le vivre, cheminement...

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